Les grands oiseaux prédateurs du Cénozoïque
Il fut un temps où les dinosaures régnaient en maître. Aucun animal ne
réussissait à les dominer, mais certains groupes soumis cachaient les ancêtres
des plus terribles prédateurs de leur temps. Les oiseaux ! Actuellement, à part
les oiseaux de proie, ils sont guère impressionnants, plus dociles qu'agressifs.
Cependant, pendant plus de 50 millions d'années, d'énormes oiseaux coureurs
arpentaient les forêts.
Lorsque la terre renaît de ses cendres, il y a 65 millions d'années, on passa du Mésozoïque au Cénozoïque, du Crétacé au Paléocène. A cette époque, on aurait tendance à penser que la terre était condamnée, désertique, sans vie. Or, il ne fallut que quelques millions d'années pour quelle finisse par se remplir de forêts tropicales et d'animaux de toutes formes. Les mammifères étaient destinés à conquérir le monde terrestre et les oiseaux le monde aérien, mais le sort allait en décider différemment. En effet, bien que certains oiseaux s'envolèrent vite pour les cieux, certains développèrent plus leurs pattes que leurs ailes ! On appelle ces animaux les Gruiformes. Ils sont très facilement reconnaissables : de longues pattes très puissantes, de courtes ailes atrophiées, héritage de leurs ancêtres, et un terrible bec.
L'un de leurs premiers représentants apparut à la fin du Paléocène :
Gastornis. Ce titan mesurait plus de deux mètres de haut. Il
arpentait les forêts tropicales de l'époque, alors omniprésentes sur toutes les
parties du globe. Il possédait deux longues pattes puissantes qui lui
permettaient de courir très vite afin d'attraper les petites proies, ainsi qu'un
large bec lui per
mettant de les saisir, jusqu'à en casser les os. Il devait
chasser des animaux comme Propalaeotherium (ancêtre du cheval) ou
Leptictidium (ci-contre), tous les deux issus de l'Eocène inférieur.
Durant tout le Paléogène, ils prospérèrent, et c'est au Néogène inférieur
(Miocène plus précisément), qu'apparaît une nouvelle famille de ces créatures
cauchemardesques : les Phorusrhacidés. Dans cette famille on recense
trois espèces : Phorushracos longissimus (ci-contre),
Devincenzia pozzi, et Titanis walleri (image du haut).
Tous ont vécu entre le Miocène et le Pléistocène, soit de 25 à 1 million
d'années environ. Les Phorusrhacidés étaient plus fins et plus élancés que leurs
ancêtres du Paléogène inférieur. Cependant, ils ne dominaient plus leur
territoire comme leurs ancêtres. En effet l'arrivée des tigres à dents de sabre
leur compliqua la vie. En effet ceux-ci étaient plus rapides et plus puissants,
et adaptés à la chasse aux g
rosses
proies (Toxodon, mammifère de deux tonnes, en est un exemple), avec un
meilleur arsenal, leur conférant un avantage monumental sur les oiseaux géants
carnassiers, dont l'âge commençait à terminer. L'arrivée des tigres à dents de
sabre s'explique par la réunion des deux Amérique, au Pliocène. Avant, les
tigres à dents de sabre vivaient en Amérique du Nord pendant que les
Phorusrhacidés vivaient en Amérique du Sud. Quand les deux Amériques se
réunirent, les tigres à dents de sabres s'installèrent au sud, au détriment des
Phorusrhacidés qui déclinèrent. Ils connurent le même sort que celui que
connaissent actuellement les guépards. Les lions chassent, et les charognards
comme la hyène dévorent la proie, seulement le guépard passe en dernier, trop
faible contre les autres. Les Phorusrhacidés eurent le même problème, ce qui
causa leur extinction il y a environ 1 million d'années.
Maintenant, ces grands prédateurs, fléaux des petits mammifères, ont disparu. Cependant les gruiformes perdurent, comme cette grue cendrée (ci-contre), plus petits et moins agressifs que leurs lointains cousins.
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